photo © Solène Debiès
« Je n’ai jamais envisagé de ne plus dessiner.
Je m’ouvre à tout en puisant mon inspiration autant dans les voyages que dans mon
quotidien ».
Solène Debiès.
Ce mois ci, je vous présente Solène Debiès, une artiste illustratrice que j’ai eu la chance de rencontrer en octobre.
Bien sûr je vais vous parler du travail qu’elle réalise, ce qui l’a poussée à faire de l’illustration son métier. Mais, consciente d’avoir approché un oiseau rare, j’ai aussi voulu lui poser plein de questions sur sa vie très inspirante, la manière dont elle su trouver, avec son mari, le parfait équilibre entre voyages et routine, vie pro et vie perso, réalisation de soi et temps accordé aux enfants.
Bref, on va toutes être jalouses ou complètement inspirées par la vie de Solène à la fin de cet article !
Illustration © Solène Debiès
SOLÈNE ADOPTE NANTES
Solène est bretonne et comme souvent chez les bretons, elle a les gènes de l’aventure et de la nature. C’est donc assez instinctivement qu’elle a adopté une vie saine dans un endroit calme, sans pour autant vouloir se priver du reste du monde.
Ayant suivi un cursus scientifique au départ de sa scolarité, Solène ne tâtonne pas mille ans pour choisir son chemin.
Elle devine que le temps qu’elle va passer à travailler durant toute sa vie ne peut être dédié à autre chose qu’au dessin et s’inscrit à l’école Pivaut, un cursus d’Arts Graphiques, à Nantes.
Et cette ville, les amis, l’essayer c’est l’adopter ! Des années plus tard, après de multiples périples et rencontres, après le soleil d’Asie et les senteurs des souks, après les mers chaudes et la cahutes isolées, c’est pourtant à Nantes qu’elle revient toujours, qu’elle réside encore quelques mois par an et que je la rencontre pour la première fois.
« Moi, quand je suis à Nantes, j’aime me promener dans la ville
à la vietnamienne,
c’est à dire à l’arrière sur le scooter de mon homme ».
« J’aime ainsi humer la brise marine qui envahit les bords de Loire lorsque la marée monte, prendre le bac pour aller boire un verre de muscadet à la Civelle à Trentemoult, parfois pousser jusqu’à Pornic quand il fait beau pour aller lézarder sur une plage de l’Atlantique, et enfin revenir le soir pour déguster un sandre au beurre blanc dans une petite auberge du Bouffay ».
Sa maison est un peu comme elle. Elle ne se laisse pas approcher facilement. On doit la mériter. Mais quand on entre au coeur du salon, alors là, je découvre une merveille d’accueil.
Je suis attendue avec le thé et quelques petits gâteaux, et comme le temps nous le permet, nous papotons sur la terrasse en pilotis au dessus du jardin foisonnant de verdure et de grimpants. Nous avons vue sur l’appentis du jardin, une charmante maisonnette qui campe le décor de ce qui fut jadis le bureau de son mari, designer sonore, pour qu’il s’isole du reste de la maison et crée en paix.
Ah oui, je ne vous ai pas dit ! nous sommes ici dans une famille de créatifs !
J’ai aussi le droit d’entrer dans son atelier, un bel espace tout blanc et bois, aux touches de couleurs et jolies illustrations qui ont suivi ses périples, un éléphant d’Asie, une serial shoppeuse New-Yorkaise, une parisienne avec béret et marinière, le chic à la française !
DES ILLUSTRATIONS GAIES ET COLORÉES
Illustrations © Solène Debiès
Vous connaissez déjà son travail sans forcément savoir qu’il s’agit d’elle.
Vous la retrouvez dans la presse féminine et internationale, en couverture de livres, dans certaines publicités pour des marques de beauté, de bagagerie, de haute couture, et même à la télévision puisqu’elle dessine les décors de l’émission et les tenues présentées par la styliste Cristina Cordula tous les dimanches à 10h30 sur la chaine Téva.
Cliquez ici et vous aurez une petite idée de ce qu’elle fait aux côtés de Cristina-la-sublaïme !
Illustrations © Solène Debiès
« Voici un petit mix d’illustrations de mode créées pour l’émission «Magnifique by Cristina». On y retrouve tous les styles: chic, bohème, girly, fleurie, executive woman, et on va de la marinière à la veste léopard ! ».
Et bien sûr, vous aussi vous trouvez ça « Magnifaïque ! » 😉
La liste de ses clients est impressionnante, et certainement pas exhaustive : magazine Elle, groupe Marie-Claire, Biba, Gala, Nail Pro magazine (USA), Groupe Parenting (USA), Editions Plon, Pocket, Hachette, India Book House, Exacompta , Tupperware, Nestlé, Inno (Belgique), Passion Beauté, Garnier, Ictyane, Phyto, Caron, Givenchy, Lancôme, Delsey…
Son univers est très féminin. Alors forcément dessiner la mode, les accessoires, les couvertures de livres, la beauté ou les parfums n’a plus de secret pour elle.
Dernièrement, de nouveaux projets internationaux d’envergure qu’elle m’a autorisée à révéler ici se sont concrétisés : « une série d’illustrations pour la marque Garnier, des dessins pour une jeune chef à Dubaï, et une collaboration pour un blog en Chine, autour de la santé / beauté ».
GUIDÉE PAR LES RENCONTRES
J’ai trouvé très surprenant qu’une personnalité comme Solène semble si détachée du brouhaha du succès et de la notoriété.
Elle n’a pas de plan de carrière, pas d’ambition particulière. D’ailleurs, c’est bien simple, pour tout dire, elle n’a pas d’agent officiel et n’a même pas besoin de passer du temps à commercialiser son travail ou entretenir son réseau. Les sollicitations viennent d’elles-mêmes. Ce sont les rencontres qui ont fait et qui font encore son parcours. Elle fait confiance à son destin.
Illustrations pour ELLE India © Solène Debiès
Elle est connue de son milieu artistique. Alors elle a la chance de pouvoir laisser les choses venir à elle…
Ce que les marques viennent chercher chez Solène ? sa capacité à percevoir, analyser, mettre l’accent sur une attitude, ou esquisser une actualité, un fait de société. Le tout avec son trait féminin et coloré, ses dessins se distinguant par leur fraicheur et leur humour.
Voilà une parisienne à vélo, une fashionista qui sort d’une boutique de shoes, ou encore une maman en voyage avec ses enfants. Les femmes qu’elle représente sont positives et actives. On se dit qu’on pourrait être elles. Bref c’est nous, mais en mieux !
INSPIRÉE ET INSPIRANTE
Solène ne cherche pas plus de clients qu’elle ne cherche d’inspiration.
C’est déconcertant de facilité comme tout cela vient à elle avec la plus grande décontraction. «Il y a une part de chance, et une part de ténacité» admet-elle.
Tiens, par exemple : alors qu’elle est contactée par la marque Delsey pour personnaliser des bagages in situ dans une boutique parisienne de la marque, elle raconte simplement sa passion des voyages et la voilà propulsée égérie-bagagerie (vous ne saviez pas que c’était un métier n’est ce pas, et bien moi non plus !), à sillonner le monde avec mari, enfants et valises de la griffe sous tous les tropiques.
Pour Delsey, elle joue le jeu à fond avec son mari, Marc, et leurs deux filles qui se retrouvent en version 2D, héros de papier des aventures de la marque de bagages.
Mais, ne croyez pas pour autant qu’elle se soit laissée séduire par le chant des sirènes et la douceur des vies rêvées, embellies par les retouches Photoshop et les filtres d’amour simulé. Solène a la tête bien calée sur les épaules (ai-je besoin de rappeler qu’elle est bretonne ?), et quand elle déplace sa tribu trois mois par an en Asie, elle en profite pour rendre visite à des clients internationaux (Elle India notamment), continuer à instruire ses filles comme si elles allaient à l’école, et à leur procurer le cadre nécessaire à leur éducation.
Pour celles et ceux qui ont vu le film Captain America, alors là, on n’y est pas du tout !
Attention j’ai parlé d’une famille de créatifs, pas d’originaux déconnectés.
« Ce ne sont pas trois mois de vacances » me dit-elle,« ce sont des jours d’ouverture au monde, de découverte, de sensibilisation, de créativité et d’apprentissage. Et pas que pour les enfants. »
Ce sont des périodes où la vie trépidante et cadencée par les rythmes scolaires ou professionnels et l’environnement citadin ne la touchent plus. Elle peut sentir, toucher, se poser, observer, et laisser venir les images imprimer son cerveau.
Pas de carnet recenseur, de classement de photo datées, pas de classeur à thèmes, ni de to-do-list. Solène fait fonctionner ses 5 sens puis fera marcher, le moment venu, sa mémoire gravée de ces instants privilégiés passés en voyage à l’autre bout du monde, en famille.
Vous l’aurez compris, ce qui l’inspire relève de l’immédiateté et ne s’explique ni ne se liste.
C’est du domaine de l’impalpable, comme le sourire d’une femme au marché d’épices,
la couleur d’un sari, la beauté d’un imprimé ou d’une grille dans la rue, les statues d’un temple ou des ombres suggestives…
Ensuite, c’est de l’intelligence et de l’empathie qu’elle doit déployer pour comprendre ce qu’une marque attend d’elle et de ses illustrations :
Y a-t-il un brief explicatif ? quelle est l’histoire de cette marque ? quels mots l’identifient ? l’illustration est-elle prévue pour un événement particulier ? quelle est l’actualité ? quels éléments vont camper son propos ? quels personnages ? dans quelle situation ?
On ne s’éternise pas sur ces questions :
« Cet hiver, c’est décidé, nous irons à Cuba et au Mexique ! » me glisse-t-elle, taquine, à la fin.
– Dis, je peux me faufiler dans ta valise, nous on aura nos pieds recroquevillés dans nos UGG fourrés pour tenir jusqu’au retour des beaux jours… han, je veux partir moi aussi pour chercher l’inspiration au soleil !!!
Et quand elle devra, une fois la tribu rentrée dans leur maison nantaise, au début du printemps, organiser des goûters d’anniversaire, des picnics ou des activités créatives avec les enfants, que croyez-vous qu’il se passera ?
Avec la même capacité d’adaptation à un nouveau rythme ou un nouveau cadre, elle se transformera en nounou préférée et distribuera aux enfants des photocopies noir et blanc de ses dessins qu’ils seront ravis de mettre en couleur à leur tour !
QUELQUES QUESTIONS INTIMES À SOLÈNE…
Il faut que je vous dise aussi. Solène est un mystère un peu dur à percer, elle ne se livre pas si facilement. Et surtout, il m’a semblé que mes questions sur ses envies, ses passions, ses projets, ses convictions, ses révoltes, captaient son attention mais que sa modestie naturelle la poussait à ne pas se mettre en avant, probablement convaincue qu’elle n’est pas si différente de nous toutes et qu’elle aimerait tout de même garder un peu de son jardin secret.
Tout ce que j’ai appris d’essentiel sur elle est ici :
Où fais-tu tes courses ?
Solène > Où que je sois dans le monde, je vais au marché local. Et pour les vêtements, je n’ai pas d’adresse attitrée, je vais là où j’ai un coup de coeur, en général des petites boutiques indépendantes.
Quel genre de consommatrice es-tu ?
Solène > Raisonnable et raisonnée.
Penses-tu que ce sont les voyages qui t’aient amenée à consommer ainsi ?
Solène > Certainement que ça y a contribué, car nous voyageons léger. Pas de garde-robe à rallonge ou de valises de chaussures. On voyage efficace !
Les voyages, ça ouvre aussi les yeux sur d’autres priorités, sur les gens, les modes de vie, les différences de niveaux sociaux.
Solène > Oui et sur les conséquences de nos modes de consommation. On prend conscience de tout un tas de choses dès qu’on voyage. On est forcément changé en revenant.
J’ai vu que tu as illustré un livre intitulé «mini-kit de survie de la nana bio : 200 conseils pas chers tout au long de l’année» de Marie Beuzard & Isabelle Delannoy, ainsi que Anne Ghesquière, de www.femininbio.com . Alors ça me donne envie de te parler de bio.
Solène > Nous faisons attention à ce que nous consommons, nous cuisinons beaucoup. Quand nous achetons une pizza du commerce (parce que ça arrive à tous d’être fatigués ou à la bourre avec un frigo vide un dimanche de retour de weekend par exemple, même à Solène et ça c’est quand même rassurant !), même les enfants s’en plaignent «ha non on préfère une pizza maison !».
Dans l’ensemble, nous avons nos habitudes avec des commerçants du quartier ou sur le marché d’à côté. Nous mangeons beaucoup de poissons ou coquillages de la côte (nous avons la chance d’avoir une poissonnerie à 30 mètres !), peu de viande, et de temps en temps une bonne volaille de ferme. C’est délicieux, bon pour la santé et en plus ça aide le tissu économique local !
Question vêtement, lingerie, chaussures, je sais bien que j’insiste, mais c’est mon métier depuis très longtemps alors je ne peux pas m’empêcher d’être curieuse à ce sujet. Es-tu sensible aux tendances ? peux-tu craquer pour une fringue parce que c’est la mode ?
Solène > Oui bien sûr comme tout le monde j’imagine. En plus, avec mon travail pour l’émission télé de Cristina Cordula, je me dois de me tenir informée des tendances, des nouvelles couleurs, formes ou matières. Je sais aussi quel vêtement choisir en fonction de sa morphologie. J’y fais attention dans mes illustrations.
Quel est ton dernier achat coup de coeur par exemple ?
Solène > Aux Galeries Lafayette, j’ai acheté un manteau en tweed vert avec des touches dorées. Un bijou !
Que penses-tu de la récup, du vintage, des friperies ?
Solène > Je n’ai pas adopté ce type de consommation de manière systématique. Pour ce qui est de la récup ou des friperies, il faut passer du temps à chiner, fouiller, trier. Moi, quand j’ai du temps, je le passe plutôt en balade à la mer avec les enfants, à bricoler ou à faire des gâteaux à la maison.
Dirais tu que tu as une vie de rêve ?
Solène > Je ne me le dis pas vraiment, mais j’aime ma vie. D’ailleurs, nos enfants grandissent, et le rythme que nos années avaient pendant les périodes de petite enfance va forcément être différent maintenant qu’on entre dans l’âge du collège. Ce sera certainement moins facile de gérer une scolarité en dehors de tout cadre. Il va falloir qu’on change, qu’on s’adapte à cette nouvelle situation, qu’on s’invente une autre vie.
Mais ni moi ni mon mari ne savons encore où ni à quoi elle va ressembler.
Tu penses continuer ton métier d’illustratrice ?
Solène > Bien sûr ! je n’ai jamais envisagé de ne plus dessiner. Mais je m’ouvre à tout, je peux aussi découvrir un nouveau métier, développer une nouvelle activité, qui mettrai en scène mes dessins sérigraphiés. Je pense actuellement à lancer une ligne de vêtements et mes illustrations seraient parfaites sur un tee-shirt, du linge de maison, ou de plage, en accessoires. Rien n’est défini. Tout est à faire.
J’ai une dernière question à te poser, de la part de Claire Colin, l’invitée de septembre dans les «Belles Histoires» de The Chatterbox Club :
«Quels nouveaux chemins empruntes-tu pour te renouveler dans ton art ?»
Solène > Je puise mon inspiration dans les voyages, l’exploration de cultures différentes, mais aussi dans la vie quotidienne, au coin de ma rue, au restaurant, dans ma famille et avec mes amis.
Maintenant, Solène, si tu avais une question à poser à ton tour à la prochaine personne créative invitée à se dévoiler dans le blog, quelle serait-elle ? »
Solène > Que fais-tu pour te construire une vie que tu aimes ?
Merci Solène pour ton temps et ta disponibilité.
Tu fais maintenant partie de l’histoire de
The Chatterbox Club, alors je te dis :
BIENVENUE AU CLUB !
Contacter Solène pour une mission freelance, une illustration ? C’est par là !
Sur ce lien vers son site, vous trouverez aussi une version anglaise de cet article.
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