créativité

On fait du mieux qu’on peut

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Hier j’ai consacré mon après-midi à mieux me connaître, à mieux me comprendre.
Une amie m’avait donné les coordonnées d’une sophrologue, une magicienne selon elle.
Je pensais y passer une heure, faire un pas vers le lâcher-prise et la relaxation.

J’en ai passé trois, j’avais beaucoup de questions et du lourd à déposer. Je voulais découvrir des outils dont je pourrais me servir ensuite, en toutes circonstances. Que quelqu’un m’explique quoi faire lors de tel ou tel ressenti pour aller mieux.

J’arrive et je lui dis que je vais bien. Normal.
Je me présente, j’explique pourquoi je suis là, vaguement, parce que je ne le sais pas vraiment moi-même. J’ai simplement suivi une intuition, celle de prendre ce rdv lorsque mon amie m’a expliqué à quel point ces séances lui étaient bénéfiques.
Elle présente son parcours et explique sa pratique. Elle me demande ce qui me bloque en ce moment.
L’émotion m’assaille et ma gorge se noue au point qu’aucun mot ne peut sortir. Et mes yeux se mouillent.

D’une tonalité plus basse, plus lente et moins enjouée qu’à mon arrivée, je lui demande simplement : « est-ce que j’ai le droit d’être mal ? et de ne pas me sentir coupable pour ça ? ».

Autour de moi, des amies.s seules.s, divorcées.s, parents solo, en petite santé, ou en panne de job, et parfois même en cumul de mandats, j’en ai pléthore.
Alors moi, en couple, travailleuse autonome, mère de deux filles en pleine vitalité et qui réussissent leur parcours d’études, propriétaire d’une maison avec jardin, crédit terminé sur ma Fiat 500 sièges cuir, qui suis-je pour me plaindre ou pour trouver les choses difficiles ?
En ai-je le droit ? N’est ce pas un peu obscène ou ridicule de ma part ?

Ma vérité actuelle, ma grande épreuve, je lui explique et mes yeux rougissent. Mon nez aussi. Je fais une OPA sur la boîte de mouchoirs. Je fais face à cette situation que chacun et chacune peut rencontrer dans sa vie, pourtant de ne pas me sentir seule à vivre ça, ça ne m’apaise pas.
Depuis plusieurs mois, mon papa (j’ai conscience de la dimension infantile à écrire «mon papa» plutôt que «mon père» mais je l’assume au vu des circonstances) a des soucis de santé, sévères. Une maladie auto-immune, découverte récemment et assez fulgurante, qui lui plaque les genoux au sol. Il se bat de toutes ses forces, et tente de rester dans le train des montagnes russes.
Force G au max.
G pour gravité.

Quand tout allait bien, on appelait sans régularité, une fois de temps en temps pour donner ou prendre des nouvelles. Dès qu’on se met à appeler tous les deux jours, à demander comment ça va, à s’inquiéter des nuits passées, c’est que ça va déjà moins bien.
On a peur que ça s’arrête, trop vite, peur qu’on n’ait pas vécu ce qu’on avait à vivre, pas assez partagé, on n’est pas prêt à affronter le pire, on ne veut pas s’y préparer.

Vendredi dernier, je lui ai envoyé le MMS de ma tête avec des lunettes.
À peine reçue sur son smartphone, il m’appelle pour me complimenter sur ma nouvelle coupe de cheveux.
On rit, je lui dis « ce ne sont pas les veuch’ mais les lunettes la nouveauté ».
– « Des lunettes en bois, made in France … la soutenance à venir pour la grande … un passage en S pour la cavalière … un nouveau projet … un weekend entre amis … et toi, tu récupères comment de ta 5ème chimio ? »
– « Elle m’a mis un genou à terre, à la prochaine j’aurai les deux, après ça ira mieux ».

La sophrologue me ramène à des sentiments positifs.
On ne sait pas pourquoi la vie nous place sur certains chemins. Ni lui ne sait pourquoi la vie le fait passer par cette épreuve, ni moi non plus. Mais la vie est généreuse, toujours. Garder cette conviction permet de se dire que quoi qu’on vive, on apprend, au moins à traverser, à grandir, à comprendre.

Culpabiliser d’aller mieux que d’autres, culpabiliser de ne pas pouvoir aider plus que cela, culpabiliser de chialer au lieu d’être forte, cela ne sert à rien, qu’à s’auto-saboter. Ce n’est pas cela que la vie cherche à nous apprendre.
Rester dans la vie, dans le mouvement, dire je t’aime, vivre ce qu’il y a à vivre, conscientiser, respirer un grand coup (voire plusieurs), graver sa mémoire. C’est cela que la vie cherche à nous enseigner.

Plongée dans un état semi-conscient, je n’écoute que sa voix, je me sens partir en arrière, des fourmis envahissent mes doigts, mes mains, mes bras, mes épaules, mon cou, mes joues, ma tête, toute entière. Une vive chaleur de l’intérieur s’empare de moi.

« Visualisez un objet, un objet qui vous fait du bien », me dit la voix.
M’est apparu mon nouveau sac à main – où se cache la futilité, même dans l’inconscient ^^ -. Un magnifique sac en cuir végétal tressé tout mou, informe et beigeasse, qui a l’air d’avoir déjà vécu 72 ans. Il est posé sur le fauteuil du salon comme un camembert coulant, il est installé là, bien chez lui ! ».

Je me suis demandée, après avoir écrit cette page, si j’avais le droit de la publier sur mon blog. Si ce n’était pas indécent, si je n’allais pas me sentir coupable pour ça. Mais comme l’a dit Edouard Baer lors de la cérémonie d’ouverture du dernier Festival de Cannes : « Personne ne sait quoi faire, on fait du mieux qu’on peut, on avance, on trace sa route, on n’attend l’autorisation de personne ».

Ses mots, je les ai détournés de leur sujet, puisqu’ils concernaient en réalité la Créativité, celle dont on fait preuve pour réaliser sa vie. Si vous n’avez pas encore assisté à ce plaidoyer, prenez les 6 prochaines minutes pour le faire. Ça laisse sans voix !

Ma tristesse contenue est presque partie, je l’ai laissée là sur le tapis de la sophrologue.
Comme une petite fille qui a découvert un nouvel outil, celui de respirer, j’ouvre les yeux sur la vie, même si elle n’est pas toujours jolie. Finie, la culpabilité. J’ai l’impression de naître à moi-même aujourd’hui.


Image : Canal+

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Où trouver le bonheur ?

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Attention billet sérieux.

Si vous avez déjà trouvé le bonheur, merci de passer votre chemin et laissez la place aux autres ! 🙂

J’ai été invitée il y a quelques jours à découvrir l’activité d’Alexandra, diplômée en art-thérapie*.

Pour ne pas effrayer celles et ceux qui y verraient une mission psy, elle préfère se décrire comme une «dynamisatrice».

Personnellement, ce mot ne m’évoque rien, et je préfère certainement les qualificatifs plus concrets. Mais vous voyez l’idée… avec douceur et sagesse, elle promet pourtant de tout dynamiser !
D’ailleurs, la Société Innovaboost qu’elle a créée porte en son nom la garantie de la propulsion. Alexandra assure qu’avec elle, on va se dynamuser !

Je me suis donc penchée sur ce qu’est l’art-thérapie afin de comprendre pourquoi et comment on peut avoir besoin de l’utiliser et à qui cela s’adresse.
Ça m’a parlé parce que cela fait appel à la libération de l’énergie créatrice de chacun d’entre nous, sans barrière et sans contrôle.

L’art-thérapie est une méthode visant à utiliser le potentiel d’expression artistique et la créativité d’une personne à des fins […] de développement personnel. Définition Wikipedia, qui vaut ce qu’elle vaut, mais au moins c’est simple, clair et concis.

Enfant, ado, adulte, en situation de stress, de problèmes relationnels, de pertes de repères, de manque de confiance en soi, ou tout autre situation d’auto-dévalorisation, l’art-thérapie permet de gravir une à une les marches libératrices de l’épanouissement personnel grâce à la créativité, celle qu’on ne croit même pas posséder, pourtant existante mais bien enfouie au fond de nous.

La compétence d’Alexandra pourrait toucher tous ceux, en souffrance, qui n’ont pas trouvé le bonheur, mais elle vise surtout les personnes qui le cherchent au travail. Parce que LE BONHEUR AU TRAVAIL est au coeur de toutes les préoccupations professionnelles du moment, dans les petites comme les grandes entreprises.
On le sait, le bonheur, qu’il soit au travail ou à la maison, ça se cultive et ça s’entretient ! Oui, mais comment ?

J’ai donc continué mes réflexions, lancée sur la piste du bonheur.

Les propos de Malene Rydahl, Danoise vivant à Paris, écrivain et conférencière, m’ont interpelée.
Après «Heureux comme un Danois» (et pas «Heureux qui comme Ulysse», elle aurait été moins crédible), elle récidive avec «Le bonheur sans illusions», publié en fin d’année dernière chez Flammarion*.
Sans blague ! Les Danois seraient le peuple le plus heureux sur notre planète !
En tant que Danoise, cela fait d’elle une experte en la matière, j’imagine.

Si vous avez 4mn pour l’écouter, elle parle français dans cette vidéo .

En résumé, la solidarité, l’empathie et le dialogue (des valeurs plus féminines si on en croit Malene) sont une partie de la solution au bonheur.
Des valeurs qu’il est facile d’appliquer à soi-même et à l’entreprise.
« Faites ce que vous dîtes et dîtes ce que vous faîtes. Et si vous ne le faites pas finalement, dîtes le aussi ! ».
Mais ce qui fait le sentiment d’enthousiasme généralisé des Danois, c’est en tout premier lieu la CONFIANCE. En soi, en les autres, en la Société. Viennent ensuite la liberté, et la responsabilité individuelle de donner du sens à ce qu’ils font personnellement et professionnellement.
Très tôt, on leur apprend à se demander quel est le sens de leur vie, pourquoi ils sont là, quelle est leur contribution à ce monde.

Alors, si la créativité que cherche à faire émerger Alexandra, au sein de ces groupes d’adultes qu’elle guide, nous permet de nous poser en même temps ces questions intimes mais essentielles, et d’y répondre enfin, alors oui, elle nous met sur la voie. Pour apprécier la vie dans toute sa beauté et sa complexité sans se perdre dans les illusions du bonheur, ainsi que le clame Malene.

Gandhi disait : « soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ». Voilà une bonne base de départ pour atteindre le bonheur, non ?


Références :


*je précise que je n’ai pas été rémunérée par Innovaboost ni par Flammarion, pour rédiger ce billet. Je me suis rendue à l’atelier d’Alexandra par curiosité, parce que je parle souvent de créativité par ici et sur mes réseaux sociaux (Instagram et Facebook), et parce que le sujet rejoint ma lecture actuelle « Libérez votre créativité » de Julia Cameron, que je peine pourtant à terminer depuis des semaines !

Credit photos : Mavelle Paris – Innovaboost – The Chatterbox Club

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Portrait Sebastien Tesson @arretsurimage2eme

Sébastien Tesson, créateur-couturier

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Portrait Sebastien Tesson @arretsurimage2eme

photo © Géraldine Oberland @arretsurimage2eme

 

« Je suis un intuitif, quelqu’un de l’instant.
J’aime l’imprévu, faire quelque chose, juste comme ça, parce que j’en ai envie. »

Sébastien Tesson.

À travers ses « Belles Histoires », The Chatterbox Club a pour objectif de dévoiler la personnalité de créatifs qui veulent bien se prêter au jeu de l’interview, de les connaitre plus intimement, comprendre les ressorts de leur créativité, ce qui les pousse et les inspire chaque jour. Bref, passer dans leurs coulisses. Mais aussi découvrir leur parcours, leurs envies et leurs projets inspirants, partant du principe que lorsqu’on connaît bien quelqu’un, on comprend mieux son travail et son univers.

Une fois n’est pas coutume, en ces temps de #girlpower #girlboss et autres #womenempowerment, au lendemain du #iwd2018 (international women’s day), je suis partie interviewer un … HOMME.
Et pas n’importe lequel. Un homme qui fait des merveilles avec ses mains !

Bon, là je sais, j’en fais des tonnes, mais je sens que, quand même, ça a eu un petit effet sur vous ! 😉

J’avais déjà rencontré Sébastien dans sa boutique-atelier, l’année dernière. Il l’avait ouverte au public, à l’occasion des Journées des métiers d’Art. Ça défilait de monde tant la curiosité d’entrer dans les coulisses de son métier était grande. Depuis, quelques mois ont passé, mais je n’ai pas perdu de vue l’envie de renouveler une conversation plus confidentielle avec lui.

Nous y voici enfin !

photo © Géraldine Oberland @arretsurimage2eme

Son adage: « Pour savoir faire, il faut savoir être, l’un ne va pas sans l’autre » nous sert de point de départ.

Sébastien Tesson est de ces personnes passionnées, instinctives et enthousiastes.
Les 3 golden tickets des créatifs. C’est la passion des belles matières, la technicité des coupes bien faites et l’amour de l’artisanat d’art qui l’ont amené à l’univers du mariage. Ça, et aussi un professeur de dessin, parce que même empli de convictions, les rencontres sont importantes sur le chemin.
Le jour du mariage, c’est LE jour où les mariés se doivent d’être l’épicentre de l’élégance, et c’est le challenge qu’il a choisi de relever… à sa manière.

Pourquoi à sa manière ? Parce qu’il apporte à l’univers du mariage sa touche singulière, moderne mais gracieuse, sobre mais riche. Les détails qui font la différence. Ses créations sont, je peux vous le dire, le reflet de sa personnalité généreuse et solaire.

Alors, je vous emmène, on va en savoir un peu plus sur lui …

DES DÉBUTS OBSTINÉS

Sébastien considère lui-même qu’il n’avait pas forcément tous les atouts en main au départ pour se lancer le défi de réussir dans la (haute ?) couture. Sa famille est de la campagne, il est le dernier (ex-aequo avec son jumeau !) d’une fratrie de quatre, ne connaît ni de près ni de loin l’univers de la Mode et n’est issue d’aucun milieu privilégié socialement ou financièrement.
Pourtant, soutenu par ses parents, il s’accroche à ses rêves en passant par la filière professionnelle technique.

Il débarque à Paris, et une rencontre décisive va l’orienter vers le design de mode : son professeur de dessin décèle ce talent chez lui, à travers la technicité des coupes à laquelle il est attaché et le choix des belles matières qu’il maîtrise, tel un technicien de produit.
Suite du parcours estudiantin au Lycée de la Mode à Cholet, où il reviendra comme intervenant pendant 10 ans, pour repartir ensuite à Paris à nouveau.
Diplôme de modiste en poche, c’est par le chapeau que Sébastien entre dans l’univers du mariage qu’il ne quittera plus.

En 2003, il co-crée la marque Leutellier-Tesson, qui deviendra douze ans plus tard son bébé, Maison Tesson.

CRÉATIF ET ENTREPRENEUR

L’année 2018 marque un tournant pour Maison Tesson avec une offre élargie à la gente masculine, une valeur ajoutée en même temps qu’un juste retour aux premières amours de Sébastien.

Avec une formation à la couture artisanale et au savoir-faire tailleur, la confection pour hommes est une évidence pour lui, une démarche qui s’étend jusqu’aux chemises réalisées sur-mesure. Aucune concession n’est faite pour marier confort et élégance.

photo © Caroline Blanchard @thechatterboxclub

C’est un service sur mesure qu’il consacre à chacune de ses clientes :
«Je reçois les clientes moi-même bien sûr, je les appelle par leur prénom si cela ne les dérange pas. Je cultive une certaine proximité, c’est à la fois plus simple pour moi et pour elles de faire les choses de manière conviviale, sans perdre de vue cette notion de sérieux, de qualité et d’efficacité liés à l’esprit de la maison couture.»

La jeune femme est reçue entre 8 et 12 mois avant la date du mariage, pour prendre le temps d’élaborer sa robe, alors que 6 mois suffiront au costume du futur marié.
Les futurs mariés sont vus séparément, lors de séances différentes, pièces d’essayage distinctes, Sébastien reçoit les futures mariées et sa collaboratrice Clémentine s’occupe des hommes.

«Un homme s’occupe de la Femme et une femme se charge de l’Homme.  Ce n’était pas calculé au départ, mais finalement, je pense que c’est même mieux comme ça.»

Tout est 100% sur-mesure. Les robes exposées sont toutes retravaillées ou modifiées, selon la morphologie, les mesures et les proportions des futurs mariés. La personnalité compte également dans le choix de la robe ou du costume, alors «on prend le temps de se connaître pour pouvoir éventuellement dessiner et partir d’une intention, d’une page blanche.»

Sebastien Tesson portrait 2 @arretsurimage2eme

photo © Géraldine Oberland @arretsurimage2eme

 

 

 

« C’était juste une évidence. Depuis tout petit, j’ai toujours dessiné. Toujours un crayon à la main. Encore maintenant, je dessine chaque robe. J’ai besoin de ça. »

2018 : ANNÉE DU LÂCHER-PRISE

La rançon de cette proximité et de l’incarnation de sa marque le met constamment sur le devant de la scène, comme l’homme providentiel. Être ultra sollicité, ça peut être épuisant.

« J’adore les gens, mais je me fais un peu piéger par cette envie de faire plaisir. J’observe aussi que je deviens, malgré moi, quelqu’un de très impliqué dans l’organisation du mariage de mes clients et dans sa réussite.»

2018 sera l’année du lâcher-prise, avec maintenant 7 personnes dans l’équipe, Sébastien peut s’autoriser à partir un peu en vacances, et que ça continue de tourner du feu de Dieu !

 

« Je suis en quête de prendre un peu de distance, pour mieux en profiter. Je suis bien entouré, je peux déléguer. »

photo © Géraldine Oberland @arretsurimage2eme

TRAVAILLER SEUL OU EN ÉQUIPE ?

L’énergie que dégage Sébastien est contagieuse. Il est en effet bien entouré et je sens la pointe de complicité qu’il aime partager avec son équipe. Alors je gratte un peu le sujet et lui demande ce qui est le plus facile pour lui : travailler seul ou en équipe ?

« J’ai travaillé pour d’autres, pour des marques, mais j’ai toujours su que je travaillerai à mon propre projet. Je n’ai pas eu peur de créer ma marque, de réussir ou d’échouer, je ne me suis même pas posé la question. Je sais que je ne joue pas ma vie. »
Sa réponse me fait sourire … j’aime bien cette posture d’avoir des rêves plein la tête mais les pieds bien ancrés sur terre, avec toute la distance et l’humour qui le caractérisent ! « Et ça va, on fait des robes, on n’invente pas un vaccin. »

« Travailler en équipe est pour moi essentiel, je ne suis pas du tout fait pour le travail en solo. Mais pour réfléchir, créer au calme, ça vient quand ça vient et là, je ne m’interromps pas.
Si être créatif, ça venait tous les jours entre 9h et 10h, ce serait si pratique ! 🙂
S’il m’arrive de ne pas avoir l’inspiration immédiate pour une tenue, je le dis, on n’est pas des machines, j’y réfléchirai au calme et reviendrai vers ma cliente sous quelques jours. »

Sébastien n’a pas de technique, ni de routine indispensable, pas non plus besoin de contexte particulier pour entrer en phase de créativité. « Quand l’inspiration ne vient pas, je me laisse du temps. C’est tout. Puis je partage. Et on échange au sein de l’équipe, habituellement lors de la réunion du mardi matin. »

JE N’ACHÈTE PAS MA PLACE AU PARADIS !

photo © Géraldine Oberland @arretsurimage2eme

Sébastien est quelqu’un de très accessible, d’une véritable authenticité. Ça m’a frappé dès notre première rencontre. Quand je lui en fait la remarque, il s’explique: « on me le dit régulièrement, mais cette accessibilité n’est pas feinte ni contrôlée, je ne la cultive pas particulièrement, je suis juste moi. Pourquoi tout compliquer ? »

Il est cash et sans détour. Avec lui, un chat est un chat. Pourtant, sachant y mettre les formes, il met tout de suite très à l’aise. J’imagine que pour des jeunes mariés, peut-être un peu stressés, ça doit être rassurant de se sentir pris en main par quelqu’un comme lui.

« On a tous nos défauts dont on fait des complexes. Quand je reçois une femme qui n’aime pas ses rondeurs, ses genoux, son ventre ou sa poitrine, je me dis que ça va ! On est plutôt à l’équilibre si la névrose ne se situe qu’au niveau des genoux. Il y a des gens qui sont bien moins à l’équilibre dans leur vie et qui ont plus de choses à traiter !

Je ne me mets pas en tête de combattre un complexe, ce n’est pas le sujet, je contourne la difficulté et cherche plutôt à mettre en valeur une partie du corps dont elle est fière.

Je n’achète pas ma place au paradis ! Si je sais qu’une tenue ne conviendra pas à la morphologie d’une cliente, je trouve les mots, mais je sais lui dire. »

SES SOURCES D’INSPIRATION

photo © Maison Tesson

« Pour 2019, c’est dans le voyage, le safari, l’exotisme que je vais chercher mon inspiration. »

Sébastien me montre quelques planches moodboards, nous discutons de ce qui fait le caractère, le style Tesson, l’image de sa marque et ce que viennent chercher ses clientes chez lui, que ce soit pour le mariage, les tenues de soirée, de cérémonie, une certaine forme du beau, de l’harmonieux, de l’audacieux aussi.

« Ce que je veux surtout, c’est me faire plaisir, saupoudrer la collection de pièces inattendues dans l’univers du mariage, un petit bomber féminin, une combinaison, un top ouvert dans le dos, un imprimé. Après tout, les robes de mariées n’ont de nom que parce qu’on les porte le jour du mariage. Et après ? un ensemble crème fait d’un pantalon et d’un blouson fourré pour un mariage hivernal ne peuvent-ils s’apparenter à une tenue de mariage ? Tant qu’on retrouve quelques codes, on peut s’amuser. »

« Le rapport que j’entretiens avec la mode ? Distant. Je suis totalement à côté, pas du tout passionné par les fashion weeks et autres effets de mode. »

photo © Maison Tesson

QUID DU VINTAGE ?

En tant que créateur, Sébastien analyse le vintage comme un moyen instinctif de nous rajeunir en retrouvant des choses qu’on a connues plus jeune et qui font écho en nous. Le vintage nous parle comme une madeleine de Proust. Le designer sait ce qu’il propose, mais les mariés eux, parfois plus jeunes et novices, ne découvriront peut-être la subtilité de la référence que quelques années plus tard.

photo © Maison Tesson

QUELLE LINGERIE SOUS UNE ROBE DE MARIÉE ?

La lingerie c’est une vraie déception pour la mariée. La lingerie qui fait la plus jolie silhouette, qui ne fait pas de relief sous une robe fluide en crêpe, est forcément sculptante, basique, et sobre, sans broderie ni dentelle.

« Chez Maison Tesson, on coud le soutien gorge à l’intérieur de la robe, pour une question de confort et d’esthétique. »

photo © Maison Tesson

ARTISAN ou ARTISTE ?

« La part de rêves, de non palpable, de sentiments et d’interprétation font que je tiens plutôt un rôle d’artiste dans l’élaboration des robes et tenues de mariage.

Mes collaboratrices, elles, détiennent au quotidien le savoir-faire de l’artisanat.

La réussite collective ne se mesure au final qu’aux jolis mots reçus d’une cliente satisfaite de la concrétisation de son rêve. »

photo © Maison Tesson

QUELQUES QUESTIONS INTIMES À SÉBASTIEN…

L’espace temps qui m’était accordé ayant été allongé par le retard du rendez-vous suivant, j’ai eu envie de poser quelques questions plus personnelles, pour connaitre l’homme au delà de l’artiste :

Qu’est-ce que la réussite ?

Sébastien  > C’est un truc de dingue. Je pense, sans vouloir être prétentieux, que je suis dedans depuis l’âge de 38 ans. La réussite, c’est juste être heureux d’être là où on est, de faire ce qu’on fait et de l’assumer. Et, moi, j’assume. Carpe diem !

Un rêve d’enfant oublié ?

Sébastien > On ne m’a rien interdit et je me suis globalement bien écouté, je n’ai pas de regrets.

Une grande fierté ?

Sébastien > Ma vie de famille ! j’ai la chance d’avoir LA famille formidable, la famille recomposée idéale. J’en suis non seulement fier mais cela me rend très heureux.

Une mauvaise habitude ?

Sébastien > Le grignotage entre les repas, ou bien juste avant de passer à table. C’est terrible, je rentre de la boutique et je ne peux pas m’en empêcher.

Une grande force ?

Sébastien > Je suis un peu fainéant sur certaines choses. Mais ça peut être une force aussi, parce que je ne me prends pas la tête pour rien. Par exemple, je fais zéro sport, mais zéro culpabilité non plus. J’ai pris un peu de poids, mais ça va. Je me regarde dans le miroir, si c’était grave, il y a longtemps de que j’aurais fait quelque chose. Donc ça va. Ça, c’est mon côté un peu fainéant.

Une routine ?

Sébastien > Surtout pas.

Une lubie ?

Sébastien > Les placards, les rangements et les boites.

Une raison suffisante pour tout plaquer ?

Sébastien > L’overdose, celle qui donne envie de disparaître.

Une peur irrationnelle ?

Sébastien > À 40 ans, on comprend qu’on est mortel. La fin me fait flipper. Moins la mienne que celle des autres finalement. Alors j’essaie de ne pas trop y penser sinon je pourrais développer une vraie névrose avec ça.

Ce qui t’émeut aux larmes ?

Sébastien > Tout ! Je suis client des trucs à l’eau de rose ! Un film, une émission TV, une musique, je pleure souvent.

Des lectures ?

Sébastien > J’ai adoré la série romanesque «Les Rois Maudits», mais ce que je lis surtout aujourd’hui, dès que mon emploi du temps me laisse quelques minutes, ce sont surtout des magazines et des articles de presse.

Un style de musique ?

Sébastien > Non. Je ne suis pas très mélomane, et je ne travaille pas en musique. Mais en ce moment, je me repasse souvent la BO du film musical The Greatest Showman.

Une tentation ?

Sébastien > Quand je trouve quelque chose qui me passionne, je peux faire une fixette. A contrario, quelque chose que j’espérais et sur lequel je n’accroche pas peut aussi me miner. Je suis quelqu’un qui vit avec la passion, le besoin de vibrer.
Je suis un intuitif et quelqu’un de l’instant. J’aime faire quelque chose qui n’était pas prévu, juste comme ça, parce que j’en ai envie.

Un dernier achat ?

Sébastien > Mes achats sont souvent tournés vers les autres, mon dernier achat est un cadeau pour mon conjoint. Et puis, pour moi, un souvenir de voyage, quelques bracelets du Sri Lanka.

Des projets en cours ?

Sébastien > L’achat d’une maison secondaire, à l’étranger, forcément avec travaux.
Peindre, décorer, chiner, mélanger, j’adore ça !

Des vacances idéales ?

Sébastien > Majorque, à chaque fois que j’y retourne, je trouve ça encore mieux que la fois d’avant. Jamais déçu.

J’ai une dernière question à te poser, de la part de Solène Debiès, la dernière invitée dans les « Belles Histoires » de The Chatterbox Club :
« Que fais-tu pour te construire une vie que tu aimes ? »

Sébastien > Après réflexion… je ne fais rien, je ne planifie pas et peut-être même pas assez. J’ai la vie que j’aime, mais comme je suis un instinctif, je ne conscientise pas tout. Je devrais être encore plus conscient de cette vie, de ces instants précieux. Ce que j’aime au quotidien c’est passer du temps avec les gens qui m’entourent, les écouter, échanger, rompre le train-train.

Maintenant, Sébastien, si tu avais une question à poser à ton tour à la prochaine personne créative invitée à se dévoiler dans le blog, quelle serait-elle ?

Sébastien > « Aujourd’hui, dirais-tu que tu es au bon endroit au bon moment ? »

photo © Maison Tesson


Un grand MERCI à Sébastien Tesson
pour son accueil, sa fantaisie et ses réponses en toute transparence. Un très bon moment qui devait durer 3/4 d’heure et qui a pris deux heures de son temps !
Vous aussi, vous aimez prendre votre temps et vous avez apprécié cette « Belle Histoire » ?
Alors, BIENVENUE AU CLUB !


→ Pour une tenue de mariage ou de cérémonie sur mesure, rendez vous au 12 rue Jean Jaurès à Nantes ou contactez l’équipe de Maison Tesson  :  C’est par là !

→ Je remercie Idîle , l’agence de communication de Maison Tesson, de m’avoir transmis les photos des dernières créations de robes de mariées de la collection 2018, réalisées par Sophie Masiewicz.

→ Enfin, Géraldine Oberland de @arretsurimage2eme a réalisé les portraits de Sébastien, ainsi que les magnifiques photos noir & blanc de l’artiste lyrique Stéphanie d’Oustrac, qui collabore depuis plusieurs années avec Maison Tesson pour ses tenues de scène et avait fait réaliser sa robe pour les Victoires de la Musique Classique 2017.

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illustration paris velo Solene Debies

Solène Debiès, artiste illustratrice

1500 1122 The Chatterbox Club
portrait Solene Debies illustratrice

photo © Solène Debiès

 

« Je n’ai jamais envisagé de ne plus dessiner.
Je m’ouvre à tout en puisant mon inspiration autant dans les voyages que dans mon
quotidien »
.

Solène Debiès.

Ce mois ci, je vous présente Solène Debiès, une artiste illustratrice que j’ai eu la chance de rencontrer en octobre.

Bien sûr je vais vous parler du travail qu’elle réalise, ce qui l’a poussée à faire de l’illustration son métier. Mais, consciente d’avoir approché un oiseau rare, j’ai aussi voulu lui poser plein de questions sur sa vie très inspirante, la manière dont elle su trouver, avec son mari, le parfait équilibre entre voyages et routine, vie pro et vie perso, réalisation de soi et temps accordé aux enfants.
Bref, on va toutes être jalouses ou complètement inspirées par la vie de Solène à la fin de cet article !

dessin crayons Solene Debies

Illustration © Solène Debiès

SOLÈNE ADOPTE NANTES

Solène est bretonne et comme souvent chez les bretons, elle a les gènes de l’aventure et de la nature. C’est donc assez instinctivement qu’elle a adopté une vie saine dans un endroit calme, sans pour autant vouloir se priver du reste du monde.
Ayant suivi un cursus scientifique au départ de sa scolarité, Solène ne tâtonne pas mille ans pour choisir son chemin.
Elle devine que le temps qu’elle va passer à travailler durant toute sa vie ne peut être dédié à autre chose qu’au dessin et s’inscrit à l’école Pivaut, un cursus d’Arts Graphiques, à Nantes.
Et cette ville, les amis, l’essayer c’est l’adopter ! Des années plus tard, après de multiples périples et rencontres, après le soleil d’Asie et les senteurs des souks, après les mers chaudes et la cahutes isolées, c’est pourtant à Nantes qu’elle revient toujours, qu’elle réside encore quelques mois par an et que je la rencontre pour la première fois.

illustration Nantes Solene Debies

 

« Moi, quand je suis à Nantes, j’aime me promener dans la ville
à la vietnamienne,
c’est à dire à l’arrière sur le scooter de mon homme »
.

« J’aime ainsi humer la brise marine qui envahit les bords de Loire lorsque la marée monte, prendre le bac pour aller boire un verre de muscadet à la Civelle à Trentemoult, parfois pousser jusqu’à Pornic quand il fait beau pour aller lézarder sur une plage de l’Atlantique, et enfin revenir le soir pour déguster un sandre au beurre blanc dans une petite auberge du Bouffay ».

Sa maison est un peu comme elle. Elle ne se laisse pas approcher facilement. On doit la mériter. Mais quand on entre au coeur du salon, alors là, je découvre une merveille d’accueil.
Je suis attendue avec le thé et quelques petits gâteaux, et comme le temps nous le permet, nous papotons sur la terrasse en pilotis au dessus du jardin foisonnant de verdure et de grimpants. Nous avons vue sur l’appentis du jardin, une charmante maisonnette qui campe le décor de ce qui fut jadis le bureau de son mari, designer sonore, pour qu’il s’isole du reste de la maison et crée en paix.

Ah oui, je ne vous ai pas dit ! nous sommes ici dans une famille de créatifs !

J’ai aussi le droit d’entrer dans son atelier, un bel espace tout blanc et bois, aux touches de couleurs et jolies illustrations qui ont suivi ses périples, un éléphant d’Asie, une serial shoppeuse New-Yorkaise, une parisienne avec béret et marinière, le chic à la française !

atelier Solene Debies

DES ILLUSTRATIONS GAIES ET COLORÉES

illustration mode Solene Debies

illustration femme Solene Debies

Illustrations © Solène Debiès

Vous connaissez déjà son travail sans forcément savoir qu’il s’agit d’elle.

Vous la retrouvez dans la presse féminine et internationale, en couverture de livres, dans certaines publicités pour des marques de beauté, de bagagerie, de haute couture, et même à la télévision puisqu’elle dessine les décors de l’émission et les tenues présentées par la styliste Cristina Cordula tous les dimanches à 10h30 sur la chaine Téva.
Cliquez ici et vous aurez une petite idée de ce qu’elle fait aux côtés de Cristina-la-sublaïme !

illustration mode Magnifique Teva Solene Debies

Illustrations © Solène Debiès

« Voici un petit mix d’illustrations de mode créées pour l’émission «Magnifique by Cristina». On y retrouve tous les styles: chic, bohème, girly, fleurie, executive woman, et on va de la marinière à la veste léopard ! ».
Et bien sûr, vous aussi vous trouvez ça « Magnifaïque ! » 😉

La liste de ses clients est impressionnante, et certainement pas exhaustive : magazine Elle, groupe Marie-Claire, Biba, Gala, Nail Pro magazine (USA), Groupe Parenting (USA), Editions Plon, Pocket, Hachette, India Book House, Exacompta , Tupperware, Nestlé, Inno (Belgique), Passion Beauté, Garnier, Ictyane, Phyto, Caron, Givenchy, Lancôme, Delsey…

illustration ictyane Solene Debies

illustration pour packaging Ictyane Solene Debies

Son univers est très féminin. Alors forcément dessiner la mode, les accessoires, les couvertures de livres, la beauté ou les parfums n’a plus de secret pour elle.
Dernièrement, de nouveaux projets internationaux d’envergure qu’elle m’a autorisée à révéler ici se sont concrétisés : « une série d’illustrations pour la marque Garnier, des dessins pour une jeune chef à Dubaï, et une collaboration pour un blog en Chine, autour de la santé / beauté ».

GUIDÉE PAR LES RENCONTRES

J’ai trouvé très surprenant qu’une personnalité comme Solène semble si détachée du brouhaha du succès et de la notoriété.

Elle n’a pas de plan de carrière, pas d’ambition particulière. D’ailleurs, c’est bien simple, pour tout dire, elle n’a pas d’agent officiel et n’a même pas besoin de passer du temps à commercialiser son travail ou entretenir son réseau. Les sollicitations viennent d’elles-mêmes. Ce sont les rencontres qui ont fait et qui font encore son parcours. Elle fait confiance à son destin.

illustration Elle Solene Debies

Illustrations pour ELLE India © Solène Debiès

illustration mode Solene Debies

Elle est connue de son milieu artistique. Alors elle a la chance de pouvoir laisser les choses venir à elle…

Ce que les marques viennent chercher chez Solène ? sa capacité à percevoir, analyser, mettre l’accent sur une attitude, ou esquisser une actualité, un fait de société. Le tout avec son trait féminin et coloré, ses dessins se distinguant par leur fraicheur et leur humour.

Voilà une parisienne à vélo, une fashionista qui sort d’une boutique de shoes, ou encore une maman en voyage avec ses enfants. Les femmes qu’elle représente sont positives et actives. On se dit qu’on pourrait être elles. Bref c’est nous, mais en mieux !

illustration femme Solene Debies

illustration spa piscine Solene Debies

INSPIRÉE ET INSPIRANTE

Solène ne cherche pas plus de clients qu’elle ne cherche d’inspiration.

C’est déconcertant de facilité comme tout cela vient à elle avec la plus grande décontraction. «Il y a une part de chance, et une part de ténacité» admet-elle.

Tiens, par exemple : alors qu’elle est contactée par la marque Delsey pour personnaliser des bagages in situ dans une boutique parisienne de la marque, elle raconte simplement sa passion des voyages et la voilà propulsée égérie-bagagerie (vous ne saviez pas que c’était un métier n’est ce pas, et bien moi non plus !), à sillonner le monde avec mari, enfants et valises de la griffe sous tous les tropiques.

Pour Delsey, elle joue le jeu à fond avec son mari, Marc, et leurs deux filles qui se retrouvent en version 2D, héros de papier des aventures de la marque de bagages.

illustration Delsey Solene Debies

Mais, ne croyez pas pour autant qu’elle se soit laissée séduire par le chant des sirènes et la douceur des vies rêvées, embellies par les retouches Photoshop et les filtres d’amour simulé. Solène a la tête bien calée sur les épaules (ai-je besoin de rappeler qu’elle est bretonne ?), et quand elle déplace sa tribu trois mois par an en Asie, elle en profite pour rendre visite à des clients internationaux (Elle India notamment), continuer à instruire ses filles comme si elles allaient à l’école, et à leur procurer le cadre nécessaire à leur éducation.
Pour celles et ceux qui ont vu le film Captain America, alors là, on n’y est pas du tout !
Attention j’ai parlé d’une famille de créatifs, pas d’originaux déconnectés.

« Ce ne sont pas trois mois de vacances » me dit-elle,« ce sont des jours d’ouverture au monde, de découverte, de sensibilisation, de créativité et d’apprentissage. Et pas que pour les enfants. »
Ce sont des périodes où la vie trépidante et cadencée par les rythmes scolaires ou professionnels et l’environnement citadin ne la touchent plus. Elle peut sentir, toucher, se poser, observer, et laisser venir les images imprimer son cerveau.
Pas de carnet recenseur, de classement de photo datées, pas de classeur à thèmes, ni de to-do-list. Solène fait fonctionner ses 5 sens puis fera marcher, le moment venu, sa mémoire gravée de ces instants privilégiés passés en voyage à l’autre bout du monde, en famille.

Vous l’aurez compris, ce qui l’inspire relève de l’immédiateté et ne s’explique ni ne se liste.
C’est du domaine de l’impalpable, comme le sourire d’une femme au marché d’épices,
la couleur d’un sari, la beauté d’un imprimé ou d’une grille dans la rue, les statues d’un temple ou des ombres suggestives…

Ensuite, c’est de l’intelligence et de l’empathie qu’elle doit déployer pour comprendre ce qu’une marque attend d’elle et de ses illustrations :
Y a-t-il un brief explicatif ? quelle est l’histoire de cette marque ? quels mots l’identifient ? l’illustration est-elle prévue pour un événement particulier ? quelle est l’actualité ? quels éléments vont camper son propos ? quels personnages ? dans quelle situation ?
On ne s’éternise pas sur ces questions :
« Cet hiver, c’est décidé, nous irons à Cuba et au Mexique ! » me glisse-t-elle, taquine, à la fin.
– Dis, je peux me faufiler dans ta valise, nous on aura nos pieds recroquevillés dans nos UGG fourrés pour tenir jusqu’au retour des beaux jours… han, je veux partir moi aussi pour chercher l’inspiration au soleil !!!

Solene Debies Angkor Cambodge

Et quand elle devra, une fois la tribu rentrée dans leur maison nantaise, au début du printemps, organiser des goûters d’anniversaire, des picnics ou des activités créatives avec les enfants, que croyez-vous qu’il se passera ?
Avec la même capacité d’adaptation à un nouveau rythme ou un nouveau cadre, elle se transformera en nounou préférée et distribuera aux enfants des photocopies noir et blanc de ses dessins qu’ils seront ravis de mettre en couleur à leur tour !

QUELQUES QUESTIONS INTIMES À SOLÈNE…

Il faut que je vous dise aussi. Solène est un mystère un peu dur à percer, elle ne se livre pas si facilement. Et surtout, il m’a semblé que mes questions sur ses envies, ses passions, ses projets, ses convictions, ses révoltes, captaient son attention mais que sa modestie naturelle la poussait à ne pas se mettre en avant, probablement convaincue qu’elle n’est pas si différente de nous toutes et qu’elle aimerait tout de même garder un peu de son jardin secret.

Tout ce que j’ai appris d’essentiel sur elle est ici :

illustration paris velo Solene Debies

Où fais-tu tes courses ?

Solène  > Où que je sois dans le monde, je vais au marché local. Et pour les vêtements, je n’ai pas d’adresse attitrée, je vais là où j’ai un coup de coeur, en général des petites boutiques indépendantes.

Quel genre de consommatrice es-tu ?

Solène > Raisonnable et raisonnée.

Penses-tu que ce sont les voyages qui t’aient amenée à consommer ainsi ?

Solène > Certainement que ça y a contribué, car nous voyageons léger. Pas de garde-robe à rallonge ou de valises de chaussures. On voyage efficace !

Les voyages, ça ouvre aussi les yeux sur d’autres priorités, sur les gens, les modes de vie, les différences de niveaux sociaux.

Solène > Oui et sur les conséquences de nos modes de consommation. On prend conscience de tout un tas de choses dès qu’on voyage. On est forcément changé en revenant.

J’ai vu que tu as illustré un livre intitulé «mini-kit de survie de la nana bio : 200 conseils pas chers tout au long de l’année» de Marie Beuzard & Isabelle Delannoy, ainsi que Anne Ghesquière, de www.femininbio.com . Alors ça me donne envie de te parler de bio.

Solène > Nous faisons attention à ce que nous consommons, nous cuisinons beaucoup. Quand nous achetons une pizza du commerce (parce que ça arrive à tous d’être fatigués ou à la bourre avec un frigo vide un dimanche de retour de weekend par exemple, même à Solène et ça c’est quand même rassurant !), même les enfants s’en plaignent «ha non on préfère une pizza maison !».
Dans l’ensemble, nous avons nos habitudes avec des commerçants du quartier ou sur le marché d’à côté. Nous mangeons beaucoup de poissons ou coquillages de la côte (nous avons la chance d’avoir une poissonnerie à 30 mètres !), peu de viande, et de temps en temps une bonne volaille de ferme. C’est délicieux, bon pour la santé et en plus ça aide le tissu économique local !

Question vêtement, lingerie, chaussures, je sais bien que j’insiste, mais c’est mon métier depuis très longtemps alors je ne peux pas m’empêcher d’être curieuse à ce sujet. Es-tu sensible aux tendances ? peux-tu craquer pour une fringue parce que c’est la mode ?

Solène > Oui bien sûr comme tout le monde j’imagine. En plus, avec mon travail pour l’émission télé de Cristina Cordula, je me dois de me tenir informée des tendances, des nouvelles couleurs, formes ou matières. Je sais aussi quel vêtement choisir en fonction de sa morphologie. J’y fais attention dans mes illustrations.

Quel est ton dernier achat coup de coeur par exemple ?

Solène > Aux Galeries Lafayette, j’ai acheté un manteau en tweed vert avec des touches dorées. Un bijou !

Que penses-tu de la récup, du vintage, des friperies ?

Solène > Je n’ai pas adopté ce type de consommation de manière systématique. Pour ce qui est de la récup ou des friperies, il faut passer du temps à chiner, fouiller, trier. Moi, quand j’ai du temps, je le passe plutôt en balade à la mer avec les enfants, à bricoler ou à faire des gâteaux à la maison.

Dirais tu que tu as une vie de rêve ?

Solène > Je ne me le dis pas vraiment, mais j’aime ma vie. D’ailleurs, nos enfants grandissent, et le rythme que nos années avaient pendant les périodes de petite enfance va forcément être différent maintenant qu’on entre dans l’âge du collège. Ce sera certainement moins facile de gérer une scolarité en dehors de tout cadre. Il va falloir qu’on change, qu’on s’adapte à cette nouvelle situation, qu’on s’invente une autre vie.
Mais ni moi ni mon mari ne savons encore où ni à quoi elle va ressembler.

Tu penses continuer ton métier d’illustratrice ?

Solène > Bien sûr ! je n’ai jamais envisagé de ne plus dessiner. Mais je m’ouvre à tout, je peux aussi découvrir un nouveau métier, développer une nouvelle activité, qui mettrai en scène mes dessins sérigraphiés. Je pense actuellement à lancer une ligne de vêtements et mes illustrations seraient parfaites sur un tee-shirt, du linge de maison, ou de plage, en accessoires. Rien n’est défini. Tout est à faire.

J’ai une dernière question à te poser, de la part de Claire Colin, l’invitée de septembre dans les «Belles Histoires» de The Chatterbox Club :
«Quels nouveaux chemins empruntes-tu pour te renouveler dans ton art ?»

Solène > Je puise mon inspiration dans les voyages, l’exploration de cultures différentes, mais aussi dans la vie quotidienne, au coin de ma rue, au restaurant, dans ma famille et avec mes amis.

Maintenant, Solène, si tu avais une question à poser à ton tour à la prochaine personne créative invitée à se dévoiler dans le blog, quelle serait-elle ? »

Solène > Que fais-tu pour te construire une vie que tu aimes ?

illustration femme vélo ile de ré Solene Debies

Merci Solène pour ton temps et ta disponibilité.
Tu fais maintenant partie de l’histoire de
The Chatterbox Club, alors je te dis :
BIENVENUE AU CLUB !


Contacter Solène pour une mission freelance, une illustration ? C’est par là !
Sur ce lien vers son site, vous trouverez aussi une version anglaise de cet article.


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parler de votre passion à votre tour,
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sheena liam broderies lingerie

Sheena Liam, artiste hoopart

500 500 The Chatterbox Club

sheena liam broderies lingerieJ’ai découvert via www.teenvogue.com les oeuvres d’une jeune femme de 26 ans, Sheena Liam. Elle est modèle dans la sphère mode. Mais pas que.

La sphère, c’est certainement ce qui lui a inspiré l’envie de remplir la rondeur des tambours à broder.

Peut-être que je romance un tantinet ! Encore que. Pour exposer la délicatesse de ses oeuvres, elle a appelé son compte Instagram @times.new.romance . Alors ? J’invente ?

Je suis fan du talent de cette fille.

Des broderies féminines

Les broderies représentent des silhouettes de femmes, qu’on identifie plus facilement comme asiatiques mais qui pourraient être véritablement de toutes nationalités, toutes extrêmement modernes et actuelles.

Sheena travaille ses silhouettes en monochrome, fil noir sur fond naturel.

Le fil noir de jais utilisé rappelle le ton des cheveux des filles asiatiques bien sûr, et la toile brute appuie encore davantage l’authenticité de l’oeuvre et de son auteur.

La poésie du cheveu

Ce qui rend ses broderies si particulières et oniriques, c’est le fait qu’elles sortent du cadre.

La chevelure animée d’une manière toute féminine dans chacune des broderies 2D donne vie aux oeuvres. Il souffle comme un vent de liberté dans ces broderies. Elles prennent alors une autre dimension, celle de la 3D, sous forme de tresses, chignons, ou queues de cheval en relief.

Hoopart et storytelling, que d’anglicismes !

Hoopart traduit par l’art du cerceau. On y est !

La finesse du fil, le raffinement du dessin, ultra précis et graphique, c’est plein de poésie.

Tout à coup, on est happé à l’intérieur du cadre, on se surprend à passer un temps infini sur chaque cercle brodé, on cherche les détails, on s’attarde sur un geste, un mouvement qui nous amène à imaginer un contexte, et peut-être même une histoire. Du bon storytelling en somme…

 

Une délicate artiste à suivre sur son compte Instagram.

Belle découverte si vous ne la connaissez pas encore !

sheena liam broderies noodles

sheena liam broderies braids

sheena liam broderies bun

sheena liam broderies fingers

sheena liam broderies wind

sheen liam broderies thinking

sheena liam broderies tears

sheena liam broderies arch

sheena liam broderies scissors

sheen liam broderies upside down

Images © Sheena Liam

Sheena Liam, hoopart artist

Si vous avez aimé, n’hésitez pas à me le dire. Encore une chose qu’on partagera !

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Portrait Claire Colin réalisé par photographe Elliot Aubin © The Chatterbox Club

Claire Colin, designer textile

1000 1000 The Chatterbox Club
Portrait Claire Colin réalisé par photographe Elliot Aubin © The Chatterbox Club

photo Elliot Aubin © The Chatterbox Club

 

« Mon chemin a été jalonné depuis l’enfance par des personnes et des rencontres qui m’ont guidée dans ma créativité, je sais qu’elles n’étaient pas là par hasard ».

Claire Colin.

Et de la créativité, elle en a à foison, Claire.
Rien que par sa chevelure généreuse, on sent que cette personnalité bouillonne d’idées et d’énergie.

Si je l’ai contactée, c’est parce que son univers m’a parlé, à la fois féminin, graphique, moderne. Une inspiration un brin rétro dans son travail qui m’a plu aussi.
Quand nous nous sommes appelées, la première fois, par téléphone, on s’est immédiatement découvertes quelques points communs dans nos parcours et elle m’a glissé « quand on doit rencontrer quelqu’un, c’est toujours au bon moment ».

La vie est faite de «synchronicités», ces moments magiques où l’on devrait écouter sa petite voix et la laisser nous guider.
Ce ressenti vous semble familier ? Ça vous est déjà arrivé, n’est-ce pas ?

C’était le bon moment pour nous rencontrer. Je vous propose que ça le soit pour vous aussi.

UN TALENT MULTIFACETTES

Claire Colin est une slasheuse : designer textile freelance / graphiste / illustratrice / dessinatrice d’imprimés / créatrice de bijoux / conceptrice de papeterie / transmettrice de savoirs, et j’en oublie surement. Son talent est multifacettes.

Pourquoi se restreindre quand on peut trouver du plaisir à faire tout !?

J’aime ces profils de personnes atypiques, déterminés mais qui savent rester tendres.

Les échanges que nous avons eu lors de cette rencontre, sa manière de m’expliquer comment se faire confiance a changé sa vie, la sagesse qui se dégage d’elle, tout cela m’incite à partager maintenant cette rencontre avec vous.

Photos de Pauline Ruhl (atelier) & Elliot Aubin (portrait) © The Chatterbox Club

atelier Claire Colin

Claire collabore sans prétention avec de grandes marques, et compte de beaux succès commerciaux, notamment pour des marques comme Paul & Joe, IKKS, Derhy. Elle réalise pour eux des motifs qui s’impriment sur des vêtements féminins.

Imprimés Paul & Joe

Elle a esquissé des dessins de dentelles, de broderies, qui deviendront des parures de lingerie féminine.
Depuis de nombreuses saisons, elle participe également à l’élaboration des cahiers de tendances deux fois par an pour le célèbre bureau de tendances Nelly Rodi.

Ses imprimés se retrouvent également en version papier sur des articles de papeterie. Sa récente collaboration avec Pascale Edition a vu ses cartes, (j’adore la ‘Bonjour’ et la ‘Merci’ 😉 ), se retrouver notamment en vente au Centre Pompidou, à Paris.

Série de cartes pour Pascale Edition

Parfois, elle met ses qualités d’illustratrice au service de quelques jolis objets ou emballages, notamment sa collaboration avec le Chocolat des Français, ou Starbucks Asia pour Paul & Joe.

Packaging Le Chocolat des Français Claire Colin

Le Chocolat des Français

Starbucks Asia Claire Colin

Starbucks Asia


En ce moment, son travail se concentre plus particulièrement sur la recherche de découpages et de superpositions. Le côté joueur des associations de couleurs lui va bien, les creux et les pleins, et toujours la dérision et l’humour.

Saurez-vous retrouver :

Avoir une mémoire de poisson rouge,
des étoiles dans les yeux,
le coeur sur la main,
un cheveu sur la langue,
un coeur d’artichaut ou
verser des larmes de crocodile ?

Cartes découpées EXPRESSIONS FRANÇAISES

Claire a un petit carnet dans lequel elle note toutes ses fulgurances, petites phrases, expressions populaires, associations d’idées et de mots qui vont la nourrir et lui servir pour sa papeterie-découpage. Elle nous réserve des surprises pour cette rentrée, suivez-la sur son compte Instagram, et vous en saurez plus le moment venu !

Découpages 2 Claire Colin

Découpages

Photo Elliot Aubin © The Chatterbox Club

L’AVENTURE ETSY

Comme elle est curieuse, et qu’elle n’impose pas de limite à sa créativité, Claire réalise aussi une ligne de bijoux très originaux, faits d’entrelas de fils plastiques qui tissent un graphisme harmonieux, aux lignes un peu Art Déco, mais aussi ethniques et même organiques.

Je vous invite à aller découvrir la formidable technicité de son travail dans sa boutique Etsy.

«Croiser une fille dans la rue qui porte un de mes imprimés ou un bijou que j’ai créé, c’est comme un cadeau que je lui ai fait, et qu’elle me fait à son tour, en secret. J’aime l’idée que ma création ne m’appartienne plus et que quelqu’un se la soit appropriée».

Bracelet black gold Claire Colin


Collier Reglisse Claire Colin

Bracelet noir Claire Colin

Bracelets black et or Claire Colin

packaging Claire Colin

© Claire Colin

COMME UNE EVIDENCE

Maintenant que vous savez ce qu’elle fait de ses mains, découvrons son parcours.

Photo Elliot Aubin © The Chatterbox Club

Commençons par ton enfance, tu as toujours su que tu serais une artiste ?

Claire > J’ai un problème avec le fait de me reconnaître comme une artiste. 
Sinon, oui, petite, j’ai rapidement su que je ferai des choses de mes mains.
Enfant, je pouvais rester des heures à m’occuper à créer. Je fais partie d’une famille de créatifs, sans qu’ils soient pour autant des artistes reconnus. La créativité a toujours été un moteur dans ma famille, une machine à coudre à disposition, les visites dans les musées avec ma mère qui m’a ouverte à l’Art, le mobilier que mon père concevait. J’ai toujours été sensible à ce qui pouvait nourrir ma créativité.

Dans son parcours scolaire aussi, son chemin a été jalonné de gens qui l’ont guidée :
« ça a commencé dès la primaire. Un instituteur passionnant m’a fait découvrir Picasso, une révélation ». Puis le collège, et la section littéraire du lycée. Rien de pouvait l’arrêter, pas même le fait d’avoir dépassé la date limite des inscriptions pour la section Arts Appliqués du lycée. Pas grave ! Déjà Claire a la conviction que « si ça ne devait pas se faire, ça ne devait pas se faire ! autre chose m’attend ».

Et la voilà, après une MANAA (prépa pour intégrer une école d’Arts), entrée à Duperré pour six années de stylisme, graphisme, art textile et impression.

Un cursus qu’elle a adoré et qu’elle recommande.

SE FAIRE CONFIANCE

Claire habite à Nantes la plupart du temps, mais bouge souvent, consacre du temps aux expos, aux festivals, aux manifestations créatives et garde constamment un pied dans Paris. Un peu comme on aurait la tête dans les nuages et les pieds sur terre.
Cette distance maîtrisée lui permet de se détacher de la frénésie parisienne quand elle en a besoin.

Elle est installée dans une rue passante du centre ville, dans un quartier qui bouge.

Pourtant son appartement est cosy, feutré, accueillant. Les couleurs sourdes des velours et du lin se répondent et appellent au confort.

Elle affectionne une déco hétéroclite et abondante, constituée partiellement des objets qu’elle crée, d’affiches et de toutes sortes de choses qui l’inspirent.
Ici, rien n’est figé, ça vit !

Photo Elliot Aubin © The Chatterbox Club

« J’ai immédiatement eu un sentiment positif à propos de Nantes. Je me suis fait confiance en arrivant ici. Cette ville est ultra innovante, elle nourrit ma créativité » dit-elle, comme une force tranquille.

Parlons confiance et créativité justement…

« Ce n’est pas si facile de se faire confiance, même quand on sent qu’on est dans sa voie et qu’on ne pourrait rien faire d’autre. Peut-être parce que le processus créatif recèle lui-même une part de doute, de tentatives et d’hésitations. »

Alors, il faut du temps pour apprendre à canaliser son énergie, à ne plus avoir peur du lendemain, à surpasser cette crainte de ne pas réussir à décrocher des projets par exemple, trouver les ressources en soi pour ne plus douter de sa valeur.

Ça vient avec la maturité certainement.
« j’ai aussi appris avec le temps à me détacher du lien qu’on établit entre création et labeur. Non, on n’est pas obligé de souffrir pour créer ! Et même, quel soulagement de découvrir à quel point il est bénéfique et satisfaisant d’arriver à créer, tout autant et même mieux, dans la joie ».

Se faire confiance vient aussi du fait de bien se connaitre et d’être à l’écoute de sa voix intérieure, de ce que son corps exprime, des sentiments qu’on éprouve.

INSPIRATIONS & PROCESSUS CRÉATIF

Le mystère de l’inspiration des artistes. Comment savoir ? Comment expliquer ? Où trouver la source ?

Les fleurs, la nature, le graphisme d’une architecture, le style d’une grille ou d’une moulure, la féminité et la rondeur d’un fruit, le corps de la femme, des mots. Tout peut l’inspirer. « Mon style est rond et fort, je suis très sensible au floral mais plus graphique que romantique. »

« L’inspiration, je la trouve dans le beau, dans l’art, dans l’énergie des gens et dans le voyage sous toutes ses formes. »

  • « Les jungles du Douanier Rousseau m’émerveillent. Elles sont d’autant plus étonnantes de réalisme quand on sait qu’il n’a jamais voyagé ! Parfois, le voyage est intérieur. »
  • Le « Voyage à Nantes » est particulièrement inspirant. Ce parcours d’édifices pérennes et éphémères en ville regorge de surprises. « Cette concentration d’oeuvres et d’esprits créatifs venus du monde entier qui investissent une ville le temps d’un été est fascinant. »

  • Cet été, elle est aussi allée au Festival d’Avignon. « Voyager, s’ouvrir à la découverte est aussi important que de savoir se poser ensuite. »

Claire ajoute : « deux choses ont amélioré mon processus créatif :

– j’ose dorénavant dire non à des propositions, j’ai décidé de me donner plus de temps, du recul, d’appuyer sur le bouton « pause ».
– je canalise mieux mon bouillonnement créatif en ne conservant que trois pistes sur un projet plutôt que dix, comme j’en avais l’habitude. L’épuisement ne rend pas service. Je gagne en temps, en qualité de travail, en efficacité. »

Portrait de Claire Colin par Elliot Aubin © The Chatterbox Club

Photo Elliot Aubin © The Chatterbox Club

Dans son travail, elle a observé que la solitude totale ne lui convenait pas ; alors elle s’est installée aux Ateliers de la Ville en Bois, lieu accueillant 12 créatifs qui échangent, partagent et se soutiennent dans leurs projets respectifs.

les Ateliers de la Ville en Bois

« C’est bon d’appartenir à une communauté bienveillante. Ça aussi, c’est important dans le processus créatif. »

Si vous êtes sur Nantes ou de passage le week-end prochain, sachez que la Balade des Ateliers, les 22, 23 et 24 septembre, vous permettra de découvrir le quartier dans lequel se trouve son atelier, rencontrer Claire et certainement une foule d’artistes et de créatifs passionnés et passionnants.

Personnellement, j’ai daté mon agenda !

LA FEMINITÉ

La féminité et même la sororité tiennent une place importante dans la vie de Claire.
Je pense que c’est grâce à cela que je me suis sentie tout de suite très à l’aise avec elle.
Elle écoute et partage. Elle transmet. Elle aime créer et entretenir du lien.

Nous avons longuement parlé de féminité, de la place des femmes, ce qu’on reçoit en héritage des générations de femmes précédentes, d’éducation, de transmission : « J’ai moins reçu que je n’aimerais transmettre, il y a tant à faire pour mieux se connaître. Mieux se connaître, c’est la clef de la confiance en soi, en sa créativité et en ses intuitions. Ça vaut la peine, la vie change quand on a compris ça. »

La transmission fait partie de son mode de fonctionnement. Jury au Lycée de la Mode, Claire tient également, dès cette  rentrée, des ateliers pour les 1ères et 2èmes années à LISAA (Institut Supérieur de Design et d’Arts Appliqués) en section design textile.

Claire est aussi une femme concernée et inspirée par les autres femmes, comme l’artiste contemporaine et engagée Mona Hatoum (dont le travail est orienté par le féminisme et le statut des femmes dans la société).

Enfin, le fait que le Festival Imagyna – l‘Éveil du Féminin – l’ait contactée pour lui demander de créer l’affiche de l’événement, n’est pas un hasard. Cela fait écho à ses illustrations et découpages intitulés Flores Vaginas.

cartes postales Claire Colin

Graphismes sur le thème de la féminité

« Ce travail a quelque chose de très personnel et d’absolument universel en même temps. »

RÉVÉLATIONS PERSONNELLES

10 questions pour la connaître plus intimement :

Portrait de Claire Colin par Elliot Aubin © The Chatterbox Club

Photo Elliot Aubin © The Chatterbox Club

Une petite faiblesse ?

Claire  > les chaussures et aussi la lingerie.

Ta lingerie dit quoi de toi ?

Claire > elle est jolie, pratique, féminine, de couleur et souvent en dentelle. Je suis une anti-nude. C’est quand même beau une bretelle colorée et fantaisie qui dépasse d’un décolleté.

Ton rapport à la mode ?

Claire > Je me suis calmée. Je consomme différemment. Moins mais mieux. Je fréquente de plus en plus les friperies. Sur Nantes, j’adore «chez Pepette», toujours une belle pièce ou un accessoire. Impossible de repartir les mains vides.

Je suis globalement en overdose des diktats de la mode. Je suis une révoltée de la Stan Smith ! Le phénomène se calme actuellement, mais je n’en pouvais plus de les voir partout alors que j’adore les miennes depuis des lustres. J’ai boycotté.

Ton dernier coup de coeur ?

Claire > À la boutique Empreintes à Paris (le concept store parisien des Métiers d’Art), j’ai craqué pour une broche très poétique de Cécile Chareyron, une sculptrice qui m’a beaucoup touchée.

Ce qui te rend plus forte ?

Claire > Marcher sous la pluie, pleurer, l’eau ça lave, ça nettoie. J’habite à côté du miroir d’eau, ce n’est sûrement pas un hasard.

Ce qui t’émeut de manière incontrôlable ?

Claire > Une odeur. L’olfactif me plonge dans une émotion profonde.

Une lecture qui t’a transportée ?

Claire > Sans hésiter, je réponds «Coeur cousu» de Carole Martinez. L’univers fantastique, la magie et la poésie de ce roman m’ont tellement touchée que j’ai perdu le goût de la lecture pendant un temps, de peur de ne pas relire quelque chose d’aussi fort.

Ah si ! je pense aussi à «La mécanique du coeur» de Mathias Malzieu. Très bien !

Puisqu’on sort de l’été, je ne résiste pas à l’envie de te demander : tes vacances idéales ?

Pamukkale Wikipedia

Claire > Surtout, surtout jamais au même endroit ! Prochaines destinations : le Portugal ou les bains de coton à Pamukkale, au sud-est de la Turquie.

 Si tu posais une question au prochain invité de
The Chatterbox Club ?

Claire > Pas facile parce que je ne sais pas qui sera cette personne ni dans quel domaine elle exercera… donc ça doit être une question qui s’applique à la création en général. J’aimerais qu’il/elle me dise : “Quels nouveaux chemins empruntes-tu pour te renouveler dans ton art ? ”

J’ai été ravie que tu acceptes mon invitation.
Merci de ta disponibilité et puisque tu fais maintenant partie de l’histoire de ce blog,
je veux te dire :
BIENVENUE AU CLUB !


Contacter Claire pour une mission freelance ? C’est par là !


Ressources :
Le Voyage à Nantes s’est terminé le 27 août, mais vous pouvez penser à venir en été 2018 pour de nouvelles surprises !
Empreintes concept-store : 5 rue de Picardie 75003 Paris
Chez Pepette , friperie chic : 8 quai Turenne 44000 Nantes
Cécile Chareyron, à la croisée du design, de la sculpture et de l’artisanat
«Le coeur cousu» de Carole Martinez
«La mécanique du coeur» de Mathias Malzieu
Pauline Ruhl  / Photographies de l’atelier de Claire : merci de m’avoir autorisée à utiliser tes clichés.
Elliot Aubin / Photographe pour les portraits : merci de nous avoir accordé de ton temps pour une séance shooting. J’espère te retrouver à nouveau sur ce blog pour de prochaines collaborations.


Si vous voulez réagir à cette entrevue,
laissez votre petite voix intérieure s’exprimer,
votre commentaire intéresse les créatifs…

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